Mehdi Melhaoui est un artiste marocain franco-allemand, né à Casablanca en 1983. Diplômé en 2010 de l’école supérieur des Beaux-Arts de Montpellier, il démarre dès 2003 son parcours professionnel en participant à des expositions collectives au Maroc, en Algérie, en Allemagne et en France. Artiste pluridisciplinaire, Mehdi Melhaoui évolue entre les sculptures en bronze, acier, inox, il travaille les matériaux composites, la taille de pierre ainsi que la menuiserie et l’ébénisterie. 2007 marque le début d’une série de commandes publiques et de prix qui récompensent son travail notamment le Prix de la sculpture contemporaine MAIF en 2010 pour l’insyallation «Objet trouvé». Cette oeuvre s’inscrit dans une problématique chère à l’artiste et plus que jamais d’actualité, qui concerne les flux migratoires en Méditerranée. Mehdi Melhaoui aborde avec une surprenante faculté d’évocation poétique, les questions essentielles liées aux migrations, celles-là même qui poussent certaines personnes à quitter leur pays natal, à tenter l’exil, le nomadisme, l’expatriation, la fuite. Les matériaux et les formes diverses qu’il exploite, issues d’embarcations usagées et précaires, trop souvent vouées au naufrage, (vieux cargos, zodiac élimé, canoé de fortune...) ou l’évocation des corps épuisés et flottants de trop nombreux noyés, constituent autant d’expressions différentes qui, au delà d’une vérité tragique, semblent revenir toujours à la même préoccupation, entre utopie et rélaité, non sans une note de gravité : «Partir et laisser les autres, choisir de rester sur la rive, regarder l’horizon, imaginer l’autre côté, une seule terre pour un partage des cultures, un retour aux origines, signant peu la possibilité d’une nouvelle humanité.»
Sa démarche se situe au croisement de différentes pratiques, celle de la collecte, de la collection d’objets trouvés, de la sculpture, de l’installation, ainsi que de la photographie. Plus tôt, il aborda également la peinture, mais advint une certaine nécessité d’intégrer l’espace lui même. L’espace, ses frontières, ses mouvements, et ses conséquences sur la psyché humaine sont en effet présents tout au long de son cheminement. Tel qu’il l’exprime, Mehdi « propose des objets, installations, entre affect et percept, tout en tenant une position de résistance en rapport aux problématiques liées aux flux migratoires qui ont fait l’histoire de la Méditerranée ». Intéressé par les origines, tant historiques, qu’archaïques, Mehdi Melhaoui a su développer une pratique qui place la Méditerranée et son histoire au cœur de ses préoccupations. Emigré, il est de ceux qui ont un certain sentiment de l’exil, dans toute son ambiguïté, mais il ne s’agit pas ici d’un exil destructeur, mais bien de partir d’une souffrance pour l’interroger, et devenir autre à partir d’elle, l’ouvrir à l’histoire collective, interroger l’histoire de ceux et celles qui sont passés et continuent de passer par là, et de soulever par ce biais des problèmes sociétaux. C’est par l’expérimentation artistique que Mehdi Melhaoui aborde ces questionnements, passer par le sensible et la matière lui permet de toucher le cœur des sensations de l’exil, et de l’exprimer par le sensible même.