Joseph Beuys : « Tout homme est un artiste »
« L’homme que vous êtes a la force de votre détermination. Notre volonté est de mettre en évidence les outils que vous avez en votre possession pour exercer votre pouvoir. L’étape majeure pour changer le système auquel vous êtes soumis, est l’application des droits fondamentaux dans une démocratie directe, par un plébiscite réalisé grâce à une l’information libre et objective. » Cette déclaration, tirée d'un discours daté des années soixante-dix, fait la synthèse des idées politiques de Joseph Beuys qui devient le protagoniste d'un art, d’une créativité, fondé sur la parole comme une articulation de la pensée.
Joseph Beuys occupe une place particulière dans le paysage de l'histoire de l'art contemporain. Avec une nouvelle pratique, Beuys a d’abord repoussé les limites de la conception jusque là étroite de l’art traditionnel : le concept élargi de l'art est le point de départ et d'arrivée d'une conception de la créativité de l’homme qui ne peut se limiter uniquement à l'art, mais qui inclut d'autres disciplines, en premier lieu les domaines de la politique et de l’économie, ainsi que les problématiques sociales auxquelles il est nécessaire d’apporter une réelle transformation radicale.
Transformer, modifier, améliorer, montrer, forme, communiquer, par l'intuition, l'action, l'énergie, la pensée, la solidarité et la créativité. Pour Joseph Beuys, ces mots sont des actes de pensée qui incarnent la possibilité de réfléchir de plus en plus profondément sur la politique, comme une pratique créative qui met au premier plan, je dirais même, au centre, l'homme et sa liberté.
Depuis la seconde moitié des années soixante, Joseph Beuys a basé les fondements de sa pensée en tant qu’artiste, professeur et homme, à travers des discussions et la mise en place d'organisations en faveur d’une recherche constante, d’échanges et de communication entre les individus, sujets privilégiés de son travail visant de développer et bâtir la sculpture sociale.
En septembre 1971, invité par le galeriste Lucio Amelio dans la petite île de Capri, Joseph Beuys formule l'un des concepts fondamentaux de la vision d'un art nouveau, et en particulier le concept de l'art élargi qui englobe tout le genre humain. Il s'agit d'une annonce sociale réelle où l'individu et la communauté ont la capacité d'auto-détermination de la limite imposée par les systèmes politiques et sociaux.
La naissance du slogan « Nous sommes la révolution », accompagné de l'image où on le voit venir vers nous, est à mon avis l'un des moments les plus significatifs de sa position en tant qu'homme et en tant qu'artiste. La posture de l'avant de son corps indique l'intuition, la volonté et de la pensée. Le pas est décidé, le regard arrêté et tourné vers nous, comme pour confirmer la décision volontaire de donner à l'homme, à sa créativité, une nouvelle position anthropologique. Les slogans, les feuilles simples avec des notes et dessins, représentent selon Beuys une invitation à une exécution, livrés à un regard où le sens dépasse les limites du papier et de la parole, indiquant au lecteur les lignes pour trouver la voie de la transformation. « Nous sommes la révolution » est la synthèse d’une utopie politique qui montre le chemin à suivre, non seulement pour Beuys mais pour nous tous.
Cette première piste italienne révèle que l’œuvre entière de Beuys converge vers un seul et unique point : l’Homme et seulement l’Homme. Il n’est plus considéré comme une matière passive